L'état des nappes phréatiques
L'état des nappes phréatiques n'est pas réellement suivi en Bretagne, puisqu'aucun relevé n'est fait régulièrement pour suivre leur évolution. Seules quelques communes effectuent des mesures lors de forages. Mais elles ne sont pas faites de manière régulière et concertée entre les communes. Elles ne sont donc pas exploitables. Ce manque d'information est tout à fait étonnant, lorsqu'on sait que les nappes phréatiques ont un rôle primordial dans le cycle de l'eau et qu'elles sont les premières à souffrir des sécheresses et des activités humaines.
Les sols bretons ont une faible capacité de rétention d'eau . Ce sont des sols très épais et d'une grande fertilité, mais ils sont instables et ne permettent pas à l'eau de pénétrer facilement jusqu'aux nappes phréatiques (voir le phénomène de battance dans le chapitre "Le remembrement", Conséquences hydrauliques). Le sol est constitué de plusieurs types de constituants :
Le socle armoricain,
très fissuré, qui est saturé en eau de bonne qualité,
car naturellement filtrée de 1 à 2 m par an.
Les bassins tertiaires
(remplis d'eau potable et surexploités) à remplissage sableux
ou calcaire ; un vingtaine d'entre eux est présente en Bretagne.
Les alluvions
qui sont imperméables et non exploitables.
Très peu d'eau a donc la possibilité de rester dans des endroits accessibles pour la capter, et le peu de réserves présentes dans les bassins tertiaires est surexploité.
Les avantages de l'eau souterraine profonde sont :
diversification
des ressources ;
moindre vulnérabilité
vis-à-vis des pollutions accidentelles et diffuses ;
plus grande facilité
de mise en place de périmètres de protection efficaces ;
disponibilité
indépendante des saisons ;
moindre coût
car l'eau extraite est bien plus propre ;
bonne qualité
microbiologique ;
absence fréquente
de nitrates grâce à l'existence de phénomènes
de dénitrification
naturelle.
Les activités humaines à la surface, telles que le drainage des champs et l'augmentation du ruissellement par le remembrement, empêchent les sols de se gorger d'eau et celle-ci n'a pas le temps d'atteindre les profondeurs. Les haies et les bocages, lorsqu'ils existent, se comportent comme des drains verticaux, permettant à l'eau d'atteindre les réserves souterraines et leur destruction dans le cadre du remembrement ne permet plus aux nappes de se reconstituer.
Il est donc incontestable que le niveau de la nappe phréatique a baissé depuis 50 ans, cette tendance étant amplifiée par le remembrement (autrefois, l'agriculture s'était adaptée à ces conditions particulières, alors que depuis un demi-siècle, les pratiques agricoles ne font qu'aggraver la situation). Il serait donc nécessaire de surveiller leur niveau afin de limiter leur abaissement.
La faible capacité de rétention en eau des sous-sols a un impact sur la production d'eau potable dans cette région : 80 % de l'eau potable consommée est puisée dans les rivières, et non dans les réserves d'eau souterraines. Or celles-ci sont naturellement filtrées par le sol. En Bretagne, les activités humaines de surface ont donc un impact direct sur les réseaux d'assainissement : ils doivent être conçus non seulement pour faire face à une pollution journalière assez élevée, mais ils doivent également être capables de supporter des pics de pollution qui arrivent très rapidement et sans atténuation due à la filtration naturelle.
Il faudrait que l'eau souterraine de Bretagne soit évaluée à son réel intérêt et qu'elle fasse l'objet d'un "grand projet".