Le surf hivernal au Pays
Basque
Pour beaucoup, surf rime avec soleil. Cependant certains
surfeurs, amateurs de grosses vagues, savent qu'ils doivent attendre
la fin de l'automne et l'hiver pour retrouver le vrai frisson.
La Côte Basque est réputée pour ses
spots capables de recevoir les fortes houles soulevées par les
tempêtes de l'Atlantique.
Ils sont quelques dizaines de surfeurs à avoir pris
goût aux grosses vagues. Certes, ils sont moins nombreux
qu'à Hawaii et si on ne peut les comparer à ces
légendaires Big Wave Riders affrontant les houles gigantesques
du Pacifique, leur audace n'est pas moindre.
La taille d'une vague est souvent
subjective, mais cette photo n'a pas été prise à
SJDL !
La taille d'une vague est souvent affaire de
subjectivité. Dit autrement, elle est proportionnelle
à la peur qu'elle procure. Ainsi une vague de deux
mètres pour l'un vaudra trois mètres pour l'autre. A
cela aussi s'ajoutent les conditions de mer, de temps, autant
d'éléments qui peuvent accentuer l'atmosphère
angoissante d'un océan en furie.
Pendant les mois d'hiver, les dépressions
s'enchaînant dans l'Atlantique Nord sont nombreuses.
Descendant parfois jusqu'à 950 hectopascals, ces
tempêtes en haute mer sont alimentées par des vents de
100 à 150km/h, soufflant sur une étendue de plusieurs
centaines de milles. De la sorte ils engendrent des trains de houle
dont la hauteur aus abords de la dépression, avoisine souvent
les 10 mètres !
Puis cette houle, générée par le
vent, perd à peu près un tiers de sa taille sur les
premiers kilomètres du trajet qui va la mener à nos
côtes.
Un spot comme Parlementia, situé en mer à la
lisière entre Guéthary et Bidart, est
spécialement adapté, à cause de son haut fond de
rochers bordé de bas fonds, pour recevoir ce genre de houle.
Il n'est pas rare, l'hiver à Guéthary, de
voir déferler à plus de six mètres.
La digue de Ste Barbe assaillie par
l'océan :
Mais à cette taille, la mer est souvent trop
démontée pour que des surfeurs, même
téméraires, prennent le risque de s'y perdre.
Néanmoins, surfer des vagues de quatre à
cinq mètres est le challenge hivernal d'une petite clique de
surfeurs.
La situation idéale est une très forte
tempête dans l'Atlantique Nord, engendrant sur les côtes
de grosses vagues trois à quatre jours plus tard, mais avec,
au même moment sur le Pays basque, le temps clément
dû à la présence d'un anticyclone.
CHERCHER L'IVRESSE !
Evidemment, avant de se jeter dans une vague de quatre
mètres, en plein hiver, dans une eau de 12°, il faut
être équipé mais surtout
expérimenté.
Ici, le risque majeur, et de toute façon
inévitable à un moment ou à un autre, est de
chuter en surfant ou de se retrouver surpris par l'arrivée
d'une vague plus grosse que les autres.
Une vague étant souvent suivie de trois ou quatre
autres, l'enfer des bouillons successifs a vite fait d'épuiser
le surfeur le plus physique. L'apnée avoisine alors entre
douze et plus de quinze secondes, ce qui, broyé dans tous les
sens sous la pression de la vague, équivaut à retenir
son souffle plus d'une minute dans sa baignoire !
A côté de vous, surgissent parfois une masse
et un fracas ayant de quoi vous tétaniser. Pas question de
douter, de vouloir y aller sans y être : la mer ne fait de
cadeaux qu'à ceux qui l'affrontent franchement et avec
humilité.
L'intensité de ces situations crée une
convivialité, nourrie de respect, entre les surfeurs. Si la
houle arrive un week-end, au Boucau, à Parlementia, à
Lafiténia à côté de Saint-Jean-de-Luz, ils
sont à l'eau ensemble et la stimulation, complice du fabuleux
spectacle océanique, invite chacun à de
dépasser. Parfois l'histoire se joue en semaine, à deux
ou en solitaire, et une certaine mesure calme les élans trop
téméraires.
A la différence du surf estival, la tension
générée par le surf de grosses vagues est
liée à l'élément et non pas à la
foule.
Réputée pour la douceur de son
climat, notamment l'hiver lorsque le vent de Sud est de la
partie, la Côte basque l'est aussi pour la qualité et la
taille de ses vagues. Le défi que représentent
celles-ci, à la différence d'Hawaii, reste
limité aux surfeurs de la région et à une
médiatisation discrète.
A la puissance des vagues, s'ajoute la
singularité du paysage côtier ...
Surfer des grosses vagues est une aventure s'offrant au
hasard d'une dizaines de jours dans l'hiver. Une aventure qui, au
Pays Basque, est encore marquée d'un esprit pionnier.
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Extraits de l'article "la vague venue
du froid"de Gibus de Soultrait, le Pays Basque Magazine n°8,
décembre 97.