Malgré un ensemble de facteurs connus (dont les principaux vont être détaillés dans la partie qui suit), il est difficile d'établir une classification des facteurs d'avalanche car la cause du départ est rarement unique. Le départ d'une avalanche est plutôt le résultat d'un concours de circonstances: histoire météorologique, qualité de neige, forme du relief, intervention extérieure... On peut ainsi apprécier qualitativement l'influence de ces paramètres pris séparement, tout en gardant à l'esprit la complexité due à la combinaison de tous ces éléments. En outre, il faut aussi prendre en compte le rôle du détonateur, c'est à dire de l'élément perturbateur ayant entrainé la rupture d'équilibre du manteau neigeux.
Les facteurs fixes
La forme du relief, sa disposition, ses caractéristiques ont bien sûr une forte influence sur la formation des avalanches. Ainsi, l'altitude n'est pas à proprement parler un facteur direct de déclenchement mais plutôt un facteur indirect car influant sur les propriétés de la neige. Par contre, la configuration du relief joue un rôle très important. Par exemple, les zones de crêtes peuvent favoriser des accumulations de neige (et donc augmenter le risque localement) en modifiant l'action du vent. De même, les bassins, cirques et versants constituent des zones d'accumulation et restent des endroits privilégiés de départs.
La pente joue un rôle moteur, par l'intermédiaire de la gravité, dans un écoulement avalancheux. De manière générale, la plage de départ des avalanches se situe pour des pentes comprises entre 20° et 45° (avec bien sûr un risque accru pour les plus fortes pentes). En effet, pour les pentes trop faibles, les frottements limitent les départs, et pour les très fortes pentes, la neige est purgée naturellement lors de chutes de neige. Cependant, il faut garder à l'esprit que des aérosols peuvent parcourir des distances horizontales, voire même des contre-pentes, de même que des avalanches de neige lourde peuvent transiter par des zones de faible pente. Un aspect important est le changement de pente, qui constitue aussi une zone à risques car il est à l'origine de tensions de traction ou de compression assez importantes. Une augmentation du poids ou une diminution de la cohésion peut alors entraîner la rupture.
Il s'agit de l'orientation de la pente au soleil, ce qui constitue un facteur important pour les mécanismes de transformation de la neige. Cependant, si l'on regarde en moyenne sur une saison, les versants nord et sud subissent en général la même activité avalancheuse.
La forêt est réputée avoir un rôle de protection contre les avalanches. Cependant, ce rôle de protection est à nuancer car s'il semble efficace lorsque la forêt est situéee sur la zone d'accumulation du site, il est illusoire lorsque la forêt est plantée sur la zone de transit. Ainsi, il n'est pas rare que des avalanches rasent des forêts ou bien s'écoulent à travers elles. Selon le type de végétation et son positionnement sur le site, les effets peuvent être protecteurs ou au contraire néfastes. Par exemple, de l'herbe non fauchée favorise la reptation et le départ des avalanches de fond.
Les facteurs variables influant sur la stabilité du manteau
De manière générale, l'activité avalancheuse augmente pendant ou juste après des chutes de neige. Le plus souvent, c'est l'instabilité de la dernière couche qui en est à l'origine. Cependant, le danger d'avalanche n'est pas toujours proportionnels à la quantité de neige tombée. En effet, la qualité de la neige et surtout l'intensité de la chute sont des paramètres importants. Des hauteurs importantes de neige déposée rapidement (plus de 5cm/h de neige tombée) sont généralement instables et dangereuses.
La pluie modifie le manteau, du moins les strates superficielles en l'humidifiant. Dans un premier temps, la présence d'eau liquide en faible quantité contribue à stabiliser le manteau neigeux en accélérant le tassement et en augmentant la cohésion. Cependant, un apport trop important d'eau a des effets inverses: alourdissement, réchauffement et changement de nature des liens entre grains. Les avalanches se déclenchant alors peuvent alors parcourir de grandes distances du fait de leur fluidité.
Le vent peut avoir deux effets bien distincts sur la neige :
En ce qui concerne l'accumulation de la neige par le vent, on constate que la neige se dépose dans les zones de moindre influence : accumulations, congères et corniches sont des types de dépôt couramment rencontrés. La position de ces accumulations est liée aux perturbations des mouvements d'air dues au relief. En effet, lorsqu'un mouvement d'air rencontre un obstacle, il se crée des zones mortes qui ne participent plus au mouvement général. De même, un changement de déclivité dans une pente peut être suffisant à provoquer un décollement des lignes de courant, alimentant un courant de sens inverse au flux général ou créant des effets de sillage.
Les trois formes classiques de dépôts sont :
La neige est généralement sensible à un changement de température en son sein ou à sa surface et des modifications importantes du comportement mécanique ont lieu, surtout lorsque la température est proche de 0°. L'effet d'un réchauffement dépend en outre de son intensité, de sa soudaineté, de sa durée et des événements météorologiques qui l'ont précédé. Ainsi, un faible réchauffement entraîne plutôt une augmentation de la stabilité en favorisant le tassement et les métamorphoses. En revanche, on constate que la plupart des accidents ayant causé la mort de skieurs ont lieu l'après midi. Il semble que donc qu'il y ait une diminution locale de la cohésion sur les pentes ensoleillées. Enfin, un fort réchauffement ou un réchauffement moyen mais prolongé provoque une activité avalancheuse accrue. Si de plus, ce redoux est accompagné ou précédé de chutes de neige, l'activité avalancheuse devient maximale car la neige tombée se consolide alors très mal.
La résistance mécanique de chaque strate et la nature des liaisons entre couches jouent un rôle prépondérant dans la stabilité du manteau neigeux. En ce qui concerne les avalanches superficielles, seule la nature de la couche supérieure et de son interface conditionne la stabilité de la neige. Cependant, de nombreux cas de figures sont possibles et ne peuvent être détaillés ici. Toutefois, on peut noter en particulier les cas où l'interface est constituée d'une croûte dure ou lisse ou d'une couche fragile surmontée d'une couche de neige récente, dont le glissement est alors très nettement favorisé. Une couche fragile est un facteur important dans le déclenchement d'une avalanche (faible résistance mécanique et facilitation du glissement -rôle de "lubrifiant"-) mais pas forcément suffisant.