Simulations
de plages de débordement
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Utilisation du logiciel TELEMAC 2D
Afin d'essayer de déterminer les zones inondées en cas de débordement, nous avons décidé d'utiliser le logiciel TELEMAC 2D qui possède l'option "bancs découvrants". Mais ne disposant pas des données bathymétriques nous avons dû restreindre notre domaine d'étude au dernier tronçon du cours d'eau à savoir entre les ouvrages hydrauliques 5 et 6 (ponts sans piles).
Le RTM nous a fourni le plan du cadastre du village d'Auzat, nous avons alors digitalisé les coordonnées de tous les points qui nous ont semblé utiles pour l'étude de la région qui nous intéresse. Nous avons alors les coordonnées x et y de chaque point, il reste à leur affecter une altitude. Pour les points du cours d'eau, connaissant la cote du fond et les hauteurs de berge nous avons pu en déduire les altitudes. Par contre pour les points des terrains situés sur les côtés du ruisseau, nous avons pris des pentes qui nous semblent en accord avec ce que l'on a observé sur place à savoir 6 pour mille pour le terrain rive gauche et 3 pour mille pour le terrain rive droite. La pente moyenne du ruisseau sur ce bief étant de 3 pour mille, nous avons modélisé les deux terrains par des plans dont les équations ont été calculées à partir des pentes estimées, tout en veillant à ne pas avoir de berges verticales car c'est une trop forte discontinuité pour le mailleur.
Notre domaine d'étude est restreint au bief le plus en aval afin de voir l'étendue des zones inondées. On a donc un domaine d'une surface d'environ 150m sur 150m et avec une dénivellation totale d'environ 1m.
![]() VUE 3D simplifiée |
Vue 3D obtenue avec la bathymétrie |
Pour concevoir le maillage, on utilise
le mailleur Matisse. Il faut d'abord créer un fichier avec les bathymétries
sous format "sinusx" où les points du contour du domaine
sont séparés des autres points du domaine. Il faut ensuite
créer les lignes géométriques et des "points
durs" qui sont les points anguleux appartenant au contour du domaine
physique. Le lit majeur du ruisseau faisant parfois jusqu'à 7m de
large nous avons imposé comme "critère" une largeur
de maille de 1m dans le lit et 5m de large sur le reste du domaine. Après
avoir généré le MNT (Modèle Numérique
de Terrain), on peut lancer le calcul du maillage.
Notre maillage comporte plus de 3600 noeuds.
Pour notre étude le choix des conditions initiales et aux limites est capital et est assez problématique car on ne dispose d'aucune donnée du type débit en fonction de la hauteur d'eau : Q(H). La démarche suivie est la même pour les deux crues, seules les valeurs numériques et les temps de convergence sont différents.
Dans un premier temps nous avons
généré un état permanent sans débordement
en imposant un débit relativement faible : Q= 1m3/s et en imposant
en sortie une fonction Q(H). Vu la configuration, la hauteur d'eau est
probablement comprise entre la hauteur critique et la hauteur normale.
En approximant la section de sortie par une section rectangulaire en régime
uniforme, on peut utiliser la formule de Manning-Strickler :
Avec des valeurs moyennes de L= rm, I= 6/1000 et Ks= 25, on obtient donc
Q= 9.6*H^5/3.
Ensuite on part de cet état stationnaire en reprenant les
résultats qui ont convergé et on injecte un hydrogramme de
crue en amont.
Résultats
pour la crue décennale
Les temps de calcul
étant très élevés et les capacités de
mémoire limitées nous avons séparé le calcul
en deux étapes : d'abord la montée de la crue et son régime
établi soit deux heures, puis la décrue soit deux heures
aussi. L'état obtenu à la fin du premier calcul est injecté
comme condition initiale pour le deuxième calcul grâce à
l'option "suite de calcul".
Pour la première étape nous avons utilisé un pas de
temps de 0.25s pour une durée totale de 7200s. Ce calcul a duré
environ 5 heures !
Pour la seconde étape nous avons utilisé un pas de temps
de 0.1s pour là aussi une durée de 7200s. Ca calcul a duré
plus de 10heures !
Voici les différents résultats que nous avons obtenu :
![]() T =3600s |
![]() T =7200s |
On voit bien que l'augmentation
du débit en entrée (montée de la crue) entraîne
une augmentation de la hauteur d'eau entre l'état initial et l'instant
t =3600s où Q=15m3/s. De plus en régime établi c'est-à-dire
pour Q =15m3/s, on voit que les zones inondées ne cessent de croître
car le ruisseau ne parvient plus à évacuer le surplus d'eau.
En outre la rive droite du ruisseau est toujours plus inondée car
les digues de ce côté ne font que 80cm de haut et la pente
de ce terrain est plus faible.
Voyons maintenant la décrue :
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On voit que l'évacuation
de l'eau excédentaire se fait assez rapidement car après
53 minutes environ de décrue, toute la rive gauche (plus pentue)
n'est plus inondée et les hauteurs d'eau sur la rive droite sont
nettement diminuées. Enfin si on compare les deux graphes ci-dessus
on voit qu'en 40 minutes les hauteurs d'eau deviennent négligeables.
Etat final
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![]() |
![]() |
Ces profils du nombre de Froude ont été
tracés pour T = 6000s (Q=34m3/s) et le long des segments représentés
sur la surface colorée qui figure sur chaque graphe (Il faut noter
que l'échelle des abscisses sur le premier graphe a été
remise à zéro par inadvertance!). On vérifie bien
que l'écoulement est torrentiel (Froude>1) au début de
notre domaine d'étude donc au niveau de l'ouvraghe hydraulique 5,
et que l'écoulement est fluvial ailleurs.
![]() |
La visualisation des vecteurs vitesse permet de mettre
en évidence les endroits où les efforts sont les plus importants.
Ici nous avons tracé les vecteurs vitesse à T=6000s (régime
de crue établi Q=15m3/s), on voit au niveau du virage que les vitesses
sont les plus élevées. Les constructions placées dans
l'extrados risquent donc d'être sollicitées. On peut aussi
voir des trajectoires curvilignes sur la rive droite, ceci est dû
au fait que ce terrain est un peu incurvé comme on le devine sur
la vue 3D présentée plus haut.
On peut d'ailleurs visualiser les lignes de courant
: à deux instants différents, on injecte une cinquantaine
de particules d'eau dans la section représentée et on suit
leur mouvement. On obtient :
T= 6000s (Q=15m3/s) |
T =10400s (Q=8.8m3/s) |
Résultats
pour la crue centennale
Nous avons procédé
de même pour la crue centennale de débit Q=34m3/s.
T =7200s |
T =10400s |
On constate qu'après une heure de régime
de crue, il y a du débit sur la rive droite. Lors de la décrue
(graphe de droite, même légende que pour l'autre) les débits
scalaires sont très faibles.
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![]() |
On peut voir sur les deux graphes ci-dessus la montée de la crue à travers son effet sur les hauteurs d'eau : des zones non inondées au bout de 30min (à gauche, t =1800s) se retrouvent, une demi-heure après, sous quelques dizaines de centimètres d'eau.
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Ici on est en plein régime de crue (Q=34m3/s) et
on note peu d'évolution entre les instants T =6000s et T =7200s.
T = 10400s (Q=19.3m3/s) |
T =14400s (Q=1m3/s) |
Enfin on peut visualiser ici la décrue progressive
du ruisseau, à gauche, jusqu'à un retour à l'état
initial à 1m3/s.
![]() |
![]() |
![]() |
T = 6000s |
T =14400s |
Nous avons représenté les vecteurs vitesse à deux instants distincts T=6000s (Q=34m3/s) et en fin de crue. Les vitesses en période de crue centennale sont trois fois supérieures à celles observées pour la crue décennale. Comme on l'a déjà mentionné les constructions situées au niveau de l'extrados (entre x=350m et x=400m environ) sont sollicitées mais dans des proportions plus importantes et peuvent donc être en danger.
Là aussi on peut tracer des
lignes de courant à T =6000s :
Conclusion
Les résultats de nos simulations paraissent assez
réalistes. Néanmoins nous restons conscients des limitations
physiques que présente notre modèle : par exemple non prise
en compte de débit de fuite ou d'apport, d'éventuels phénomènes
d'embâcle, et des phénomènes d'infiltration sur la
rive gauche où il y a des champs.